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Métatarsalgie : un « faux diagnostic »

La métatarsalgie est un terme général utilisé pour désigner une affection douloureuse du pied dans la région métatarsienne, c’est-à-dire la zone située sous le pied juste avant les orteils, mieux connue sous l’appellation « plante du pied ». Il s’agit d’une affection inflammatoire commune qui survient le plus souvent dans les deuxième, troisième et/ou quatrième articulations métatarsophalangiennes. Il s’agit d’un trouble qui peut affecter les os et les articulations de la surface plantaire de l’avant-pied.

Les métatarsalgies sont souvent accompagnées d’une formation excessive de callosités sous une protubérance osseuse, avec une douleur intense et une sensibilité à la pression autour des callosités.

Il ne s’agit toutefois pas d’un diagnostic, c’est seulement un terme qui décrit la douleur dans la plante du pied, il ne donne aucune indication sur ce qui cause la douleur et quel est le traitement. Il existe de nombreux types de douleurs à l’avant-pied, allant du névrome de Morton à la fracture de fatigue.

C’est un peu comme dire : maux de tête. On connaît l’emplacement de la douleur, mais on ne connaît pas la cause exacte de celle-ci.

SYMPTOMES

Les symptômes de métatarsalgie peuvent inclure :

  • Douleur aiguë, lancinante ou brûlante à la plante du pied
  • Douleur qui s’aggrave lorsque vous vous levez, courez, fléchissez les pieds ou marchez et qui s’améliore au repos
  • Douleur vive ou fulgurante, engourdissement ou picotement dans les orteils
  • La sensation d’avoir un caillou dans votre chaussure

CAUSES

De multiples causes peuvent être à l’origine de l’apparition de métatarsalgies, mais la majorité d’entre elles semble être liée à une déformation du pied. Cela peut mener à une composante étiologique importante de la métatarsalgie, à savoir le chargement répétitif d’une force localement concentrée dans l’avant-pied pendant la marche.

La métatarsalgie est le plus souvent localisée à la première tête métatarsienne. La deuxième localisation la plus fréquente des douleurs à la tête métatarsienne se situe sous le deuxième métatarsien. Cela peut être dû soit à un premier métatarsien court, soit à une hypermobilité du premier rayon, les deux entraînant une pression excessive qui se propage dans la deuxième tête métatarsienne.

Une ou plusieurs têtes métatarsiennes deviennent douloureuses, généralement en raison d’une pression excessive. Il est courant d’éprouver des douleurs aiguës, récurrentes ou chroniques en présence d’une métatarsalgie. La douleur est souvent causée par des chaussures mal ajustées, dont notamment des chaussures à talons hauts et d’autres chaussures restrictives.

Les chaussures à bout étroit contraignent la zone de la plante du pied à occuper un minimum d’espace (compression latéro-médiale). Cela peut entraver le processus de marche et entraîner un inconfort extrême à l’avant du pied.

D’autres causes peuvent être à l’origine d’une métatarsalgie :

  • Participer à des activités à impact élevé sans chaussures et/ou orthèses appropriées
  • Vieillissement du coussinet adipeux qui a tendance à s’amincir, ce qui rend la pression et la douleur beaucoup plus intenses
  • Un déséquilibre dans la longueur des métatarses
  • Augmentation rapide d’une activité
  • Un tendon d’Achille raccourci
  • Morphologie du pied (p. ex. augmentation de la longueur de l’os saillant dans la partie inférieure du pied)

DIAGNOSTIC

Divers problèmes de pieds peuvent causer des symptômes semblables à ceux de la métatarsalgie. Pour vous aider à déterminer la source de votre douleur, votre podiatre examinera votre pied pendant que vous êtes debout et assis, puis vous posera des questions sur votre mode de vie et votre niveau d’activité. Il se peut que des radiographies ou une échographie soient nécessaires pour identifier ou éliminer la fracture de fatigue ou d’autres problèmes aux pieds.

NÉVROME DE MORTON

Un névrome de Morton est un nerf irrité ou épaissi entre les 3e et 4e métatarses, qui se situe immédiatement derrière l’articulation métatarso-phalangienne (MTPJ). Il est à noter que d’autres névromes intermétatarsiens peuvent se manifester, mais techniquement, il ne s’agit pas du névrome de Morton. Il est possible d’avoir un névrome asymptomatique.

Cela se manifeste généralement par une douleur aiguë et lancinante entre les 3e et 4e orteils, la douleur pouvant s’étendre jusqu’aux 3e et 4e orteils avec un effet d’engourdissement associé. La douleur peut être sporadique et spontanée, décrite comme une ampoule que l’on allume ou éteint, car elle peut aller et venir rapidement. Des chaussures étroites et des chaussures d’entraînement trop petites peuvent augmenter la douleur, ainsi que tout ce qui augmente la charge, ce qui peut inclure la course à pied.

Traitements

Les traitements peuvent être aussi simples que de changer les chaussures, ou de s’assurer que les chaussures sont bien adaptées. D’autres traitements incluent l’utilisation de pad de support ou d’orthèses, dont l’usage d’un dôme métatarsien pour aider à soulager l’avant du pied.

Les injections de stéroïdes peuvent être utiles et sont couramment utilisées. Il est souhaitable de faire confirmer le névrome par imagerie sous la forme d’une échographie ou d’une IRM. La radiographie n’est pas une technique efficace de détection des névromes, mais elle peut aider à éliminer certaines pathologies osseuses. D’autres traitements comprennent la cryoablation (congélation du nerf) ou l’ablation chirurgicale du nerf, mais elle ne doit être envisagée qu’en dernier recours.

OIGNON

C’est un problème très courant, qui est souvent indolore et ne nécessite aucun traitement. En fait, un oignon affecte le premier métatarsien et le gros orteil hallux, où le premier métatarsien dévie vers l’intérieur et l’hallux dévie vers l’extérieur.

Les oignons peuvent être héréditaires ou aggravés par des facteurs externes comme le choix des chaussures, par exemple des chaussures étroites à talons hauts. En effet, une chaussure étroite peut mener à une irritation en frottant sur l’oignon lui-même, bien que quelquefois il puisse être douloureux sans que cela ait un lien avec les chaussures.

Malheureusement, il n’y a aucun moyen de savoir à quel moment l’oignon deviendra douloureux et il n’y a aucune corrélation entre la taille de l’oignon et la douleur. Les oignons ont tendance à être évolutifs, mais le rythme de progression est différent pour chacun.

Traitements

Les traitements conservateurs pour les oignons sont envisageables, mais ils ne se limiteront qu’à la prise en charge de la douleur et ne réduiront pas la taille de l’oignon en soi. En voici quelques exemples :

  • conseils sur les chaussures
  • des chaussures plus larges
  • utilisation d’orthèses pour aider à la fonction du pied
  • ne pas exercer une trop forte pression sur l’oignon
  • bander l’oignon dans une position plus droite

SYNOVITE

Il s’agit d’une irritation et d’une inflammation de la capsule articulaire et de la membrane synoviale, que l’on observe couramment dans les articulations. En général, les symptômes se manifestent sous la forme d’une douleur, mais ils peuvent également se traduire par des douleurs aiguës si les structures en périphéries doivent compensées. Comme dans le cas du névrome de Morton, les activités qui augmentent la charge peuvent aggraver la capsule articulaire, de même que les activités qui entraînent constamment la dorsiflexion (vers le haut) des orteils. Il faut également prendre en compte tous les facteurs mécaniques possibles du pied, tels que les oignons ou les métatarses longs, etc. Il se peut qu’il y ait une certaine enflure autour du MTPJ affecté et une légère rougeur.

Traitements

Les traitements sont très similaires à ceux d’un névrome de Morton, il faut s’assurer que les chaussures sont bien ajustées et appropriées. Vous pouvez utiliser des orthèses pour soulager la zone affectée en utilisant un dôme métatarsien. Il est possible d’utiliser une bande adhésive sur l’orteil pour aider à réduire la dorsiflexion et donc à décharger l’articulation.

L’utilisation d’une injection de stéroïdes est communément prescrite. Il est rare que ce problème fasse l’objet d’une intervention chirurgicale, à moins qu’il n’y ait une raison mécanique prépondérante pour laquelle la douleur est présente et qui doit être corrigée par une chirurgie. Il est intéressant de noter que s’il y a une cause mécanique à la douleur, les stéroïdes injectés peuvent aider à soulager la douleur. Si la cause initiale n’est pas détectée, le problème risque de réapparaître.

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Antonin Bérubé

Dr. Antonin Bérubé, votre podiatre

Diplômé du programme de doctorat en médecine podiatrique (DPM) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Il est professionnel de pathologies du pied et la de cheville. Sa passion pour la biomécanique et les douleurs musculo-squelettiques l’amène à traiter chaque patient comme un athlète, de façon à le remettre sur pied le plus rapidement possible et à prévenir de futures blessures.