Qu’est-ce que l’épine de Lenoir ?
Il existe plusieurs raisons pour lesquelles on peut se retrouver avec une douleur aux pieds. En fait, on peut faire face à une fasciite plantaire ou une épine de Lenoir. Les deux représentent un problème de pieds relativement connu, mais les deux sont souvent aussi interreliés. Voici quelques petites informations importantes concernant l’épine de Lenoir, également connue sous le nom d’épine calcanéenne.
L’épine de Lenoir N’est PAS douloureuse, lisez la suite pour mieux comprendre !
Saviez-vous que ?
Certaines personnes ont une excroissance osseuse (Épine de Lenoir) et ne ressentent aucune douleur face à celle-ci.
C’est quoi en réalité l’épine infra-calcanéenne (Épine de Lenoir)?
L’épine de Lenoir, synonyme d’épine calcanéenne, n’est en fait qu’une excroissance osseuse formée à l’endroit d’insertion du fascia sur l’os du talon. Cette épine n’est pas le problème en soi ; il s’agit plutôt d’une variante observée sur la radiographie qui y est associée, sans en être la cause. Donc, l’épine de Lenoir et la fasciite plantaire sont souvent des termes médicaux mal utilisés pour décrire les douleurs au talon. Il est important de comprendre que l’épine de Lenoir n’est pas la cause de la douleur, ce n’est pas un os pointu qui fait mal lorsque vous mettez le pied par terre. À titre d’exemple, vous pouvez avoir une fasciite plantaire très douloureuse sans avoir d’épine de Lenoir et, au contraire, n’avoir aucune douleur au talon et avoir une excroissance osseuse (Épine de Lenoir).
Il faut faire attention, car certains professionnels de la santé confondent l’épine de Lenoir avec la fasciite plantaire. Pour bien comprendre la différence, il faut se pencher sur le fait que la fasciite plantaire est due à une inflammation et une dégénérescence du fascia plantaire. Tandis que l’épine de Lenoir est un « crochet » d’os pouvant se former sur l’os du talon (calcanéus).
Comment faire un tel diagnostic ?
Le tout est relativement très simple à déduire suite à une radiographie effectuée au niveau du pied. C’est grâce à cette imagerie de projection latérale au niveau de votre pied que votre podiatre pourra poser un diagnostic d’épine calcanéenne. En effet, il sera en mesure de voir un crochet d’os dépassant du bas du pied à l’endroit où le fascia plantaire est attaché à l’os du talon, comme démontré dans la photo ci-dessous.
De nombreux patients présentant une épine calcanéenne craignent de devoir se faire enlever l’os. Heureusement, même lorsque la chirurgie pour la douleur au talon est nécessaire, l’ablation du crochet d’os n’est généralement pas effectuée. C’est pourquoi votre podiatre n’est pas trop inquiet lorsqu’il voit l’épine calcanéenne sur une radiographie ; cela ne change pas vraiment la façon dont la condition est traitée.

Imagerie : échographie
En pratique clinique, il est plus important de connaître l’épaisseur et l’état du fascia pour suivre l’évolution de la pathologie que de savoir s’il y a présence ou non d’une épine de Lenoir.
L’imagerie médicale de prédilection pour visualiser cette structure est l’échographie ou encore l’imagerie par résonance magnétique. La prise de radiographies est seulement utilisée pour éliminer la possibilité d’une condition reliée à la structure osseuse, comme une fracture ou, dans certains cas, une fracture de stress.
L’examen échographique complet permet aussi de déterminer s’il y a des fissurations au niveau du fascia plantaire qui pourrait mener à une rupture complète. De plus, il permet d’exclure d’autres diagnostics probables, comme la tendinopathie du tibial postérieur.
Voici des statistiques intéressantes :
Selon des radiographies effectuées sur certains patients ayant une épine de Lenoir ou épine calcanéenne, environ 70% des patients atteints de fasciite plantaire se retrouveront aux prises avec cette dite épine en plus. Ce qui est plus surprenant face à ces résultats, c’est qu’il y a environ 50% des patients qui se sont retrouvés avec une épine de Lenoir sans avoir aucun symptôme de fasciite plantaire. Le lien d’association et de cause à effet n’est pas encore toutefois bien défini dans la littérature scientifique.
Quoi savoir sur l’épine de Lenoir et la fasciite plantaire :
Bien que les deux conditions puissent être associées, ce qu’il faut retenir est que la source de votre douleur n’est pas liée à la présence ou l’absence d’une excroissance osseuse sous votre talon. Il n’y a aucune utilité clinique à savoir s’il y a présence ou non de l’épine de Lenoir !

Sources scientifiques :
- Barrett, S. L., Day, S. V., Pignetti, T. T., & Egly, B. R. (1995). Endoscopic heel anatomy: analysis of 200 fresh frozen specimens. The Journal of foot and ankle surgery, 34(1), 51-56.
- Menz, H. B., Zammit, G. V., Landorf, K. B., & Munteanu, S. E. (2008). Plantar calcaneal spurs in older people: longitudinal traction or vertical compression?. Journal of foot and ankle research, 1(1), 7.
- Bartold, S. J. (2004). The plantar fascia as a source of pain—biomechanics, presentation and treatment. Journal of bodywork and movement therapies, 8(3), 214-226.
- Johal, K. S., & Milner, S. A. (2012). Plantar fasciitis and the calcaneal spur: fact or fiction?. Foot and Ankle Surgery, 18(1), 39-41.
- Lemont, H., Ammirati, K. M., & Usen, N. (2003). Plantar fasciitis: a degenerative process (fasciosis) without inflammation. Journal of the American Podiatric Medical Association, 93(3), 234-237.
- Tomczak, R. L., & Haverstock, B. D. (1995). A retrospective comparison of endoscopic plantar fasciotomy to open plantar fasciotomy with heel spur resection for chronic plantar fasciitis/heel spur syndrome. The Journal of foot and ankle surgery, 34(3), 305-311.
Cet article vous est utile? Il pourrait l’être pour d’autres! Partagez-le en cliquant ici pour aider des gens qui, comme vous, veulent faire le premier pas vers la guérison.

Dr. Antonin Bérubé, votre podiatre
Diplômé du programme de doctorat en médecine podiatrique (DPM) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Il est professionnel de pathologies du pied et la de cheville. Sa passion pour la biomécanique et les douleurs musculo-squelettiques l’amène à traiter chaque patient comme un athlète, de façon à le remettre sur pied le plus rapidement possible et à prévenir de futures blessures.