Névrome de Morton : Les pires erreurs commises pour NE PAS en guérir
L’une des blessures au pied les plus communes chez les coureurs et personnes actives, qui met un frein à leur entraînement, est le névrome de Morton. Dans cet article, ces erreurs seront abordées mais décrivons d’abord ce qu’est un névrome de Morton.
Qu’est-ce qu’un névrome de Morton ?
Un névrome est un épaississement du tissu nerveux suite à la compression et à l’irritation du nerf. Cette compression peut d’ailleurs mener éventuellement à des lésions nerveuses permanentes. Le plus fréquent est le névrome de Morton, qui se situe entre le troisième et le quatrième orteil.
Chez les coureurs, un névrome peut constituer un problème important dans la mesure où le nerf gonflé peut se déplacer en avant et en arrière sur un ligament de la plante du pied au moment de la course. La grosseur enflée peut devenir de plus en plus irritée chaque fois que le talon se soulève du sol lors de la course à pied. Si l’irritation persiste, comme lorsque l’on court en collines ou dans des chaussures trop serrées, le nerf peut devenir plus irrité et plus douloureux.
Névrome chez les coureurs
Un névrome du pied peut se présenter pour un certain nombre de raisons. Bien des coureurs ont développé un névrome alors qu’ils étaient en fin de saison et qu’ils avaient commencé à faire des répétitions en collines pour acquérir force et vitesse. Pour d’autres coureurs, c’est en faisant du vélo comme complément d’entraînement avec des chaussures trop étroites.
Quelques coureurs en deviennent affligés simplement en marchant sur une pièce de Lego de leurs enfants. Ainsi, que vous ayez marché sur quelque chose et coincé le nerf, ou que vous ayez comprimé le nerf en courant dans les collines, ou que vous ayez comprimé les nerfs entre les os métatarsiens avec des chaussures de vélo trop étroites, veillez à ne pas faire les erreurs susceptibles de causer des problèmes à long terme. Voici quelques-unes des erreurs couramment commises par les coureurs :

Erreur #1 : Ignorer les premiers signes
L’apparition des premiers symptômes se manifeste habituellement par l’impression d’avoir un pli dans sa chaussette ou quelque chose dans sa chaussure de course. Dans la plupart des cas, le coureur regarde et ne trouve rien puisque rien ne cloche avec sa chaussure ou chaussette. Le problème est plutôt le nerf situé à la plante du pied.
À ce stade, il y a un peu d’enflure autour du nerf. Il est légèrement irrité, mais il n’est pas encore vraiment endommagé. Une accumulation de liquide autour du nerf le comprime et engendre ces sensations bizarres. Mais si on ignore ce phénomène, le nerf peut s’endommager temporairement et occasionner une sensation d’engourdissement.
Cela survient généralement au milieu des orteils, mais il arrive parfois que le coureur ne perçoive que la douleur ou l’engourdissement qui se répercute de façon générale sur l’ensemble de la plante du pied. Bien que cela puisse être une source de distraction, la douleur n’est pas aiguë et parce que ce n’est pas vraiment douloureux, aucune mesure n’est généralement prise pour éviter que l’irritation nerveuse ne dégénère. Si le coureur ignore complètement cette sensation étrange et développe un engourdissement dans la plante du pied, aux orteils du milieu en raison de l’accumulation de liquide autour du nerf, le gonflement et l’inflammation vont se maintenir autour de ce dernier et se propager à l’intérieur même de ce nerf. Ceci peut entraîner des dommages plus permanents et des douleurs chroniques. Lorsque les nerfs deviennent irrités, ils sont plus sollicités et, en réponse à toute cette activité, ils peuvent développer des terminaisons nerveuses supplémentaires.
S’ensuit brûlures, picotements, douleurs irradiantes ou sensations électriques débutant à la plante du pied et se propageant dans les deuxième, troisième ou quatrième orteils qui incitent les coureurs à consulter un podiatre. Il est important de noter qu’une fois que ces symptômes se manifestent, le nerf a été irrité, comprimé et endommagé pendant une longue période de temps. Le nerf ne guérit pas rapidement, mais la guérison est possible si le névrome est traité promptement et correctement.
Erreur #2 : Traiter cela comme une fracture de fatigue
Une autre erreur consiste à interpréter la douleur comme étant une fracture de fatigue. Une fracture de fatigue métatarsienne est vraisemblablement la source de douleur la plus fréquente dans la plante du pied d’un coureur qui s’entraîne pour un marathon ou toute autre course de longue distance. Il est vrai que les premiers symptômes d’une fracture de fatigue ressemblent à ceux d’un névrome, alors il n’est pas surprenant que de nombreux coureurs se trompent dans leur interprétation.

Le problème réside dans le fait qu’une fracture de fatigue métatarsienne guérira relativement vite et durablement si vous diminuez simplement la quantité de stress appliquée à l’os métatarsien. Mais ce n’est pas le cas pour un névrome. Une fois le nerf gonflé, il peut se comprimer sous votre poids corporel lorsque vous marchez dessus. Il peut même se déplacer entre les os métatarsiens de chaque côté du nerf lorsque celui-ci gonfle. Cela crée un réel problème parce que vous risquez de diminuer votre activité et de perdre toute votre forme physique. Mais même si l’enflure tend à disparaître par la suite, le nerf guérit très lentement. Si vous marchez encore assez pour irriter le nerf, ou si vous marchez dans des chaussures étroites, comme des chaussures habillées qui compressent davantage le nerf ou des chaussures à talon haut qui élongent et le compriment sous le ligament intermétatarsien, il est possible que la blessure ne guérisse plus du tout.
En fait, le névrome peut même s’aggraver. C’est à ce moment-là que la vraie frustration entre en jeu. Le coureur sait que ses objectifs fondent comme neige au soleil ! Malgré tout le temps passé sur le canapé, la douleur dans la plante du pied ne semble pas vraiment s’améliorer. C’est là que le coureur commence à perdre espoir. Donc, la première chose à faire est de s’assurer que lorsque vous avez mal à la plante du pied, vous ne traitiez pas cela comme une fracture de fatigue alors qu’il pourrait s’agir d’un névrome.
Erreur #3 : Penser que le vélo elliptique va régler le problème
Bien que faire du vélo elliptique puisse être extrêmement utile aux athlètes d’endurance et aux coureurs, ils doivent redoubler de prudence s’ils ont un névrome de Morton. Les chirurgiens orthopédistes suggèrent souvent les exerciseurs elliptiques comme moyen de réduire le stress et l’impact associés plus couramment à la course. Mais le problème avec un exerciseur elliptique, c’est qu’il exerce un stress énorme sur le névrome. Chaque fois que votre talon se soulève de la plate-forme à la fin de l’élan arrière, votre pied se redresse et étire le nerf sous le ligament intermétatarsien, à l’endroit même où il est irrité. Puisqu’un exerciseur elliptique demande beaucoup moins d’efforts que la course à pied, de nombreux coureurs passeront une heure ou plus sur ce dernier. Tout ce temps à appuyer sur la plante du pied peut vraiment aggraver le névrome. Le vélo peut s’avérer un excellent moyen de diminuer les forces et de répartir les tensions qui s’accumulent lorsque l’on court.
Le vélo peut également vous aider à maintenir votre forme physique avec un risque relativement faible pour votre pied. Ainsi, beaucoup de coureurs se mettront à faire du vélo ou du spinning comme alternative au développement d’un névrome. Mais deux problèmes réels peuvent survenir quand on fait du vélo avec un névrome. Pour être efficace, la chaussure de vélo doit être très rigide et assez étroite. Cette combinaison d’une semelle extérieure rigide en fibre de carbone et d’un embout étroit permet d’éviter que votre pied ne bouge et augmente l’efficacité lorsque vous pédalez. Mais cette chaussure rigide et serrée est sans pitié quand on a un nerf gonflé à la plante du pied. À chaque coup de pédale, le nerf se comprime et s’irrite. Pour empirer les choses, les séances de spinning vous feront changer le niveau de résistance pour varier l’entraînement. Donc, lorsque vous réduisez considérablement votre résistance, que vous augmentez le nombre de tours par minute et que vous pédalez à cent ou cent vingt tours par minute, il se produit des rebonds en selle qui sont très imprévisibles. Tout ce rebondissement à grande vitesse peut coincer le nerf.
Erreur #4 : Utilisation inadéquate des coussinets métatarsiens
L’un des traitements de première ligne d’un névrome de Morton peut consister en un coussinet métatarsien. Il s’agit d’un dôme en forme de goutte d’eau qui doit être placé sous l’avant-pied. Beaucoup de coureurs le mettent au mauvais endroit. Le coussinet métatarsien en forme de dôme est censé éloigner la pression des têtes métatarsiennes de la plante du pied au niveau des têtes métatarsiennes, au point où le nerf enfle et devient irrité. Le coussinet déplace la pression vers le cou et la tige des os métatarsiens pour soulager la pression au niveau du nerf. La forme unique du coussinet métatarsien est également conçue pour relever et séparer les métatarses afin d’augmenter l’espace entre les têtes métatarsiennes. Lorsqu’il est correctement positionné, le coussinet métatarsien peut séparer les os métatarsiens de part et d’autre du névrome afin que celui-ci ne soit pas coincé et irritable par les têtes métatarsiennes adjacentes.
L’erreur que les coureurs commettent, c’est de croire qu’ils ont besoin d’un rembourrage sous le point douloureux. Ainsi, au lieu de placer le coussinet derrière la plante du pied, ils l’installent juste sous la plante du pied, exactement là où le nerf est gonflé. Lorsqu’un coureur place accidentellement le coussinet au mauvais endroit, il augmente la force et l’irritation du névrome. En conséquence, le traitement échoue.
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Dr. Antonin Bérubé, votre podiatre
Diplômé du programme de doctorat en médecine podiatrique (DPM) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Il est professionnel de pathologies du pied et la de cheville. Sa passion pour la biomécanique et les douleurs musculo-squelettiques l’amène à traiter chaque patient comme un athlète, de façon à le remettre sur pied le plus rapidement possible et à prévenir de futures blessures.