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Tout savoir sur la douleur au tendon d’Achille : explication et traitement

La tendinopathie d’Achille est une condition qui engendre la douleur, l’enflure et la raideur du tendon d’Achille reliant l’os du talon aux muscles de votre mollet. Ceci étant dit, cet article sera axé sur l’explication de la tendinopathie d’Achille par rapport aux coureurs ainsi qu’aux traitements disponibles.

Dans quelle mesure la tendinopathie d’Achille est-elle courante chez les coureurs ?

En fait, d’après une étude publiée récemment, il s’agit de la blessure musculo-squelettique la plus souvent associée à la course à pied et elle touche autant les coureurs ordinaires que les ultramarathoniens.

De quelle façon se manifeste-t-elle ?

Au cours d’une activité sportive, ou tout simplement lors de l’exécution de mouvements coordonnés, les tendons sont indispensables pour transmettre la force générée par la contraction musculaire et produire le mouvement. Ces tendons sont des structures métaboliquement actives et sont soumis à un remodelage complexe leur conférant une meilleure résistance à la traction et une augmentation du renouvellement du collagène lors d’exercices prolongés. Les tendons peuvent s’apparenter à un élastique qui aurait la capacité de devenir plus résistant chaque fois qu’il est étiré.

La tendinopathie d’Achille survient à la suite de ces exercices prolongés qui occasionnent de minuscules blessures répétitives au tendon d’Achille, aussi appelées microtraumatismes. Après chaque blessure, le tendon ne guérit pas totalement dans les cas où sa quantité de « blessures » est plus grande que sa capacité de guérison. Cela signifie qu’avec le temps, il s’endommage et risque de se transformer en tendinopathie d’Achille.

L’évolution des connaissances sur ce type de pathologie

Ce type de lésions dues à une sollicitation excessive a donné lieu à des recherches axées sur les effets à moyen et à long terme des activités physiques sur les tendons. Bien évidemment, les athlètes suivent quotidiennement des séances d’entraînement dont l’intensité et la durée varient en période de compétition, et pourtant, il y a peu de preuves démontrant une corrélation entre l’exercice, les changements structurels et l’évolution des blessures.

Cependant, les connaissances des marqueurs biochimiques, de l’imagerie sensible et des indicateurs de propriétés mécaniques se sont grandement affinées avec, notamment, l’introduction récente du Doppler à ultrasons de couleur et la résonnance magnétique. Il est désormais possible d’évaluer les modifications de la densité sanguine des tendons pendant et après une activité sportive intense, de manière à mieux comprendre les effets aigus et subaigus de celle-ci sur les tendons. La recherche scientifique évolue tranquillement et on ne comprend pas encore tout-à-fait les mécanismes d’adaptations.

Différents types de traitements

Par ailleurs, la tendinopathie d’Achille revêt plusieurs formes différentes, dont celle concernant le tendon lui-même, sa gaine ou son insertion (tendinopathie insertionnelle). Cette dernière est sans contredit la plus difficile à traiter. Toutefois, quelle que soit la tendinopathie qui vous afflige, une panoplie d’options de traitement sont possibles, allant de simples interventions à des mesures beaucoup plus avancées ou même expérimentales.

Tout d’abord, il y a les traitements non chirurgicaux :

  • Des injections locales de glucocorticoïdes (cortisone) sous guidage échographique;
  • Des médicaments, tels que les AINS, peu utiles dans un cas non-inflammatoire;
  • Des exercices en excentrique (programme de réhabilitation progressif);
  • Appareillage orthopédique (talonnette, orthèse, Botte Cam Walker, protecteur en gel);
  • Des injections de plasma enrichi de plaquettes;
  • Thérapie par ondes de choc (ESWT);
  • L’arrêt/modification de l’activité sportive (quantification du stress mécanique); et
  • Évaluation et modification des techniques d’entraînement.

Si la douleur et les symptômes sont toujours présents après une période d’au moins 12 mois du traitement conservateur, la chirurgie sera alors envisagée. Toutefois, le traitement chirurgical est uniquement une solution de dernier recours pour toute tendinopathie d’Achille.

Pour conclure, une tendinopathie se présente à la suite d’une blessure à un tendon qui ne parvient pas à guérir. Bien qu’il existe une myriade d’options thérapeutiques, il y a peu d’essais cliniques à répartition aléatoire, prospectifs et contrôlés par placebo pour aider les praticiens à choisir la meilleure prise en charge en se basant sur des données probantes. L’utilisation de substances injectables à l’intérieur et autour des tendons, dont le plasma enrichi en plaquettes, le sang autogène, le polidocanol et les corticostéroïdes, a été recommandée mais les données cliniques sont peu nombreuses pour en attester l’efficacité thérapeutique.

Une consultation avec votre podiatre demeure essentielle pour déterminer le diagnostic exact et entamer le protocole qui convient à votre pathologique. Dans le cas d’une tendinopathie d’Achille corporéale, le protocole d’Alfredson pourrait être débuté, suivi d’une augmentation progressive selon la capacité et l’évolution des symptômes.

La proprioception

La proprioception a pour but d’empêcher les articulations, les muscles et les tendons de s’éloigner de leur capacité biologique, ce qui entraîne des blessures comme des déchirures, des entorses et des foulures. C’est un mécanisme complexe qui dépend du système nerveux et de ses nombreuses stratégies de surveillance.

Dans cette optique, une étude contrôlée a voulu évaluer l’effet du bandage de la cheville au niveau de la position articulaire après l’endolorissement musculaire. Le principe est qu’une fois que les muscles se fatiguent, le risque d’entorse à la cheville augmente. Par conséquent, l’application d’un bandage pourrait aider le cerveau, par le biais d’une rétroaction sensorielle à travers la peau, à activer certains muscles lorsque l’articulation se déplace dans une certaine direction par rapport à ce bandage. Cette conscience de soi concernant la position d’une articulation dans l’espace est dénommée le sens de la position de l’articulation et fait partie d’un mécanisme autorégulateur appelé proprioception.

Ces experts estiment donc que le bandage est une bonne stratégie prophylactique pour les personnes qui pratiquent un sport ou qui participent à des activités considérées comme présentant un risque plus élevé d’entorse et de foulures aux chevilles. Pour mieux illustrer ce point, le plus grand facteur de risque d’entorse de cheville est le fait d’avoir déjà subi une telle entorse.

Les résultats d’une étude de 2016 montrent bien que le bandage de la cheville peut être utilisé en tant que moyen efficace pour permettre un retour rapide à la pratique sportive ou une réadaptation vers des programmes plus dynamiques. Il est mis en évidence que sans pour autant augmenter les performances, le bandage à la cheville a augmenté la confiance et l’efficacité personnelle des participants par rapport aux activités sportives plus intenses.

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Antonin Bérubé

Dr. Antonin Bérubé, votre podiatre

Diplômé du programme de doctorat en médecine podiatrique (DPM) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Il est professionnel de pathologies du pied et la de cheville. Sa passion pour la biomécanique et les douleurs musculo-squelettiques l’amène à traiter chaque patient comme un athlète, de façon à le remettre sur pied le plus rapidement possible et à prévenir de futures blessures.