Traitements pour le névrome de Morton – peut-on vraiment en guérir?
Le névrome de Morton est une affection fréquente de la plante du pied qui se manifeste souvent par de l’engourdissement, des picotements, des brûlures et des douleurs au niveau des 3e et 4e orteils. Elle résulte principalement d’une compression du nerf entraînant une inflammation.
Le nerf semble être irrité par les os environnants (os métatarsiens) et a également été appelé un névrome intermétatarsien. Ce qui commence par une inflammation peut engendrer la formation de tissu cicatriciel autour du nerf et, dans certains cas, son gonflement.
Ce nerf est particulièrement sensible aux pressions excessives sur le pied et se manifeste aussi chez les femmes qui portent des talons hauts et des chaussures ajustées. D’autres problèmes, tels que les oignons et les orteils en marteau peuvent également contribuer à l’apparition des névromes. Les patients se plaignent habituellement d’avoir l’impression et la sensation de marcher sur une chaussette enroulée.
Peut-on en guérir ? Réponse simple : oui.
Pourquoi n’est-ce pas si facile? La compression du nerf amène celui-ci à prendre en dimension et cause un épanchement inflammatoire locale ce qui, à son tour, amène davantage de compression au nerf. Un cercle vicieux s’installe alors puisque plus le nerf est irrité, plus il y aura un tissu cicatriciel important…
L’importance du diagnostic
Comme tout problème médical, certains traitements fonctionnent pour certains patients et échouent pour d’autres. L’aspect le plus important pour traiter correctement le névrome de Morton est de s’assurer que le diagnostic est bien posé. La meilleure solution pour un névrome de Morton est de s’assurer que vous avez reçu un diagnostic approprié, et que d’autres conditions ne sont pas la cause du névrome.
Une douleur de type métatarsalgie sous l’avant du pied se traite très différemment d’un névrome de Morton. Une orthèse plantaire est souvent employée rapidement dans ces cas et peut mener à des résultats décevants s’il s’agit en fait d’un névrome de Morton.
N.B : Le névrome de Morton est un nom médical spécifique que l’on donne au névrome inter-métatarsien situé entre le 3ème et 4ième, cependant il est possible, même si beaucoup moins fréquent, d’en souffrir entre tous les os métatarsiens.
Voici quelques mesures pour traiter et surtout enrayer la cause de la compression nerveuse pour permettre un soulagement aussi rapidement que possible avant que celui-ci ne « fibrose » et s’épaississe.
1. Ne pas porter régulièrement des talons hauts
Ne portez pas de chaussures avec un talon qui applique une pression sur l’avant du pied. Bien que l’effet ne soit pas immédiat, quelques jours peuvent néanmoins contribuer à améliorer la situation et, dans certains cas, quelques semaines de port de chaussures appropriées sont essentielles pour atténuer les symptômes.
L’objectif ici n’est pas de vous décourager de porter des talons hauts à vie, mais bien de temporairement réduire la pression sur l’avant-pied.
Un soulier avec semelle compensée, couramment appelé plateforme, est une alternative très intéressante. L’important ici est que le différentiel entre l’arrière et l’avant du soulier ne soit pas supérieur à 2 pouces. Plus cette différence est minime, mieux c’est pour le névrome.

2. Mesurer votre chaussure !
Le meilleur conseil que je puisse vous donner est de prendre le temps de vérifier chacune des chaussures que vous portez et d’évaluer méticuleusement la quantité d’espace que vous avez à l’avant-pied. Si vous n’êtes pas convaincu après un test, sortez la fausse semelle du soulier, placez-la par terre, mettez votre pied dessus et vous devriez ne pas dépasser de la semelle au niveau de l’avant-pied. Si c’est le cas, ce soulier n’est pas pour vous en cas de névrome de Morton puisqu’il contribue à la compression.
Si, comme beaucoup de temps de gens, vous réalisez que votre garde-robe de chaussures n’est pas adéquate, apportez des changements. Magasinez un soulier dont l’avant-pied répond aux normes anatomiques d’un avant-pied large, couramment appelé « Wide toe box », ce qui signifie que vous avez plus d’espace qu’un soulier traditionnel.
À titre d’exemple, la marque « Keen » et « Altra » sont deux compagnies qui offrent ce type de chaussure pour les activités extérieures et sportives.
3. Se procurer des pads métatarsiens
Les pads métatarsiens, souvent appelés semelle française, ressemblent à un dôme que l’on ajoute sous l’avant du pied juste avant la région douloureuse pour permettre aux os métatarsiens d’avoir plus d’espace entre eux et permettre au nerf de circuler librement sans subir de compression.
Ces pads sont disponibles en pharmacie, en ligne, chez un cordonnier, podiatre et autres pour quelques dizaines de dollars.
Fait intéressant : ceux-ci peuvent être collés à l’intérieur d’un talon haut (ou talon compensé idéalement) pour toutes celles qui souffrent seulement de cette condition lorsqu’elles sont en talon. Une fois collé à l’intérieur, le pad métatarsien est très efficace, sans toutefois avoir les inconvénients d’une orthèse plantaire qui n’entre pas dans les chaussures plus étroites.
4. Prendre des médicaments anti-inflammatoires
Les anti-inflammatoires constituent une partie du traitement, pourvu que la santé de l’individu permette la prise orale d’anti-inflammatoires. Dans bien des cas, les anti-inflammatoires vont aider au niveau des premiers symptômes et devraient être utilisés conjointement avec d’autres mesures.

5. Se tourner vers les injections de cortisone
La thérapie par injection est depuis longtemps utilisée pour traiter le névrome de Morton. Les injections les plus communément utilisées sont celles consistant en un stéroïde qui est injecté autour du nerf pour réduire rapidement la douleur et l’inflammation. Il s’agit ici de la thérapie la plus efficace pour réduire rapidement les symptômes et ainsi éviter que le nerf s’hypertrophie et prenne en dimension.
Dans les cas où les symptômes sont présents depuis plus d’un mois de manière fréquente, une thérapie de cortisone locale est à évaluer dans le cadre d’un plan de traitement complet.
N.B : beaucoup de patients sont réfractaires à ce type de traitement en raison de la peur d’une infiltration et la douleur que celle-ci pourrait engendrer. La technique d’injection pour avoir accès au nerf requiert de passer par la surface dorsale du pied, un endroit où la peau est très fine. Celle-ci ne cause pratiquement aucun inconfort, souvent qualifiée au même titre qu’une prise de sang traditionnelle.
6. Autre type d’injection
Les injections d’alcool sclérosant peuvent être utilisées pour « détruire » chimiquement ou « anesthésier » le névrome. La plupart des professionnels vous proposeront une forme de thérapie par injection avant d’envisager la chirurgie.
À noter que plusieurs infiltrations peuvent être effectuées pour atteindre un certain niveau de guérison. Un maximum de quatre infiltrations peut être effectué par années et par localisation.

7. Les orthèses plantaires
Destinées à améliorer l’alignement du pied, elles sont couramment utilisées pour traiter le névrome de Morton dans la mesure où une mauvaise structure du pied peut provoquer une irritation excessive du nerf. Les orthèses personnalisées peuvent se révéler être un véritable moule pour votre pied, en plus de permettre d’ajuster l’appareil de façon à éliminer spécifiquement la pression sous le névrome. L’avantage réel de celles-ci est qu’elles permettent une décharge supplémentaire dû au contact soutenu au niveau de l’arche plantaire, réduisant ainsi plus de pression sous l’avant du pied.
Dans les cas de pied hypermobile, ou souvent appelé hyperlaxité, qui fait référence à un degré de mobilité supérieur à la moyenne, les orthèses plantaires sont un outil efficace, surtout lors de chronicité ou récurrence des symptômes.
8. Prendre en considération le dernier recours possible : la chirurgie !
Les névromes de Morton qui ne réagissent pas aux mesures susmentionnées peuvent être traités par chirurgie, et l’intervention la plus communément pratiquée consiste à retirer la partie du nerf endommagée. Puisque le nerf est une terminaison nerveuse, l’ablation du nerf aura comme effet secondaire de faire naître un engourdissement entre les orteils, mais une chirurgie réussie permet aussi d’éliminer la douleur.
Alors, lorsque toutes les autres méthodes échouent, le névrome de Morton peut être traité par chirurgie, et nous vous présentons ci-dessous les meilleures techniques du moment :
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- Neurectomie de Morton : il s’agit de l’approche préconisée la plupart du temps, qui consiste à retirer le segment nerveux. La procédure est relativement simple. Les chirurgiens se dirigent généralement vers la zone par le sommet du pied, identifient le nerf et le suivent vers les orteils et tout au long de son parcours dans les os métatarsiens. Il est important que le chirurgien coupe le nerf suffisamment profondément pour éviter qu’il ne soit coincé ou cicatrisé sur la plante du pied.
- Décompression : une autre approche utilisée par certains chirurgiens qui consiste à dégager un ligament adjacent au nerf pour « décompresser » la région endommagée. Ici, le nerf est laissé intact. L’intervention est réalisée par le biais de petits instruments spécialisés.
Pour conclure, le névrome de Morton répond généralement bien aux traitements conservateurs et, dans les cas où il résiste, allez de l’avant avec un traitement plus invasif afin d’éviter la chirurgie.
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Dr. Antonin Bérubé, votre podiatre
Diplômé du programme de doctorat en médecine podiatrique (DPM) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Il est professionnel de pathologies du pied et la de cheville. Sa passion pour la biomécanique et les douleurs musculo-squelettiques l’amène à traiter chaque patient comme un athlète, de façon à le remettre sur pied le plus rapidement possible et à prévenir de futures blessures.