Une « épidémie » de fasciite plantaire
L’une des affections les plus couramment observées par les podiatres est la douleur plantaire au talon, laquelle est un symptôme débilitant commun dont on ne connaît pas avec exactitude la fréquence et l’incidence. Toutefois, selon les statistiques les plus récentes, 10 % de la population américaine de plus de 65 ans ressentent une certaine sensibilité dans la région du talon.
La fasciite plantaire est une affection musculo-squelettique courante chez les personnes actives. Bien que perçue comme un processus inflammatoire, la fasciite plantaire est plutôt une affection caractérisée par des changements dégénératifs dans le fascia, pouvant ressembler à une tendinopathie. De ce fait, le terme douleur au talon semble davantage approprié pour décrire ce genre d’affection.
SYMPTÔMES
La fasciite plantaire est diagnostiquée d’après les antécédents de douleur lors des premiers pas du matin, l’aggravation de la douleur avec appui ou marche prolongée, la douleur et la sensibilité à la palpation sur la tubérosité interne. Bien sûr, la douleur n’est pas forcément constante. D’ailleurs, il arrive souvent qu’un soulagement temporaire survienne, mais la douleur revient dès que la personne se remet à marcher ou à se tenir debout pendant un long moment, ou bien à la suite d’un entraînement intensif.

DIAGNOSTIC
Pour diagnostiquer la fasciite plantaire, un podiatre examinera les pieds de la personne en regardant comment elle se lève et marche. Il posera des questions en se basant sur les éléments suivants :
- L’état de santé général, y compris les maladies ou blessures antérieures
- Les symptômes éprouvés par la personne, comme le site de la douleur et le moment de la journée où elle est davantage présente
- Dans quelle mesure la personne est active, ainsi que les formes d’activités physiques qu’elle pratique
Par la suite, une radiographie du pied de la personne peut être prise si on soupçonne qu’il y a un problème avec les os du pied, comme une fracture de stress, par exemple.
Chez les personnes actives, l’incidence de la fasciite plantaire a été rapportée à environ 5 %, derrière le syndrome de stress du tibia interne (10%), le syndrome fémoro-patellaire (10%), la lésion au ménisque interne (9%) et la tendinopathie d’Achille (7%).
Cette forte incidence n’est pas étonnante compte tenu du fait que chaque pas est soumis à un poids trois fois plus élevé et que le pied est essentiellement en mouvement pour faciliter son adaptation et absorber les chocs. Le fascia plantaire étant l’une des structures potentiellement affectées, il joue un rôle important dans le maintien de la structure dynamique de l’arche du pied.
CAUSES
Les causes ne sont pas bien connues, mais les facteurs de risque pour l’ensemble de la population sont les suivants :
- obésité
- âge avancé
- marcher, courir, sauter ou se tenir debout de manière prolongée, plus particulièrement sur des surfaces dures
- amplitude réduite des mouvements au niveau de la cheville et de la première articulation métatarso-phalangienne
Certaines études ont identifié des facteurs de risque pour les gens actifs, comme les coureurs, et les ont répartis en deux types de facteurs de risque :
Intrinsèque
- anatomique
- fonctionnel
- dégénératif
Extrinsèque
- utilisation excessive
- entraînement inadéquat
- chaussures inappropriées
FACTEURS DE RISQUE ANATOMIQUES
Cela englobe tout ce qui concerne l’anatomie du patient, comme les pieds plats, les pieds creux, la surpronation, la différence de longueur au niveau des jambes, une torsion tibiale latérale excessive, une antéversion fémorale excessive ou le surpoids.

FACTEURS DE RISQUE FONCTIONNELS
Ces facteurs de risque font référence aux troubles liés au fonctionnement du corps, à ce qui touche aux muscles et aux tendons, entre autres. Cela peut concerner le serrement des muscles gastrocnémiens et solaires (muscle du mollet), la tendinite du tendon d’Achille, et la faiblesse musculaire du mollet et du pied intrinsèque.
FACTEURS DE RISQUE DÉGÉNÉRATIFS
Ceux-ci désignent notamment le vieillissement du coussinet adipeux, l’atrophie du coussinet adipeux du talon, la raideur du fascia plantaire.

UTILISATION EXCESSIVE
En cas de surutilisation, tout particulièrement chez les sportifs, les imperfections biomécaniques même légères du pied se révèlent déterminantes et peuvent se solder par des fasciites plantaires. C’est le cas pour la course à pied.
ENTRAÎNEMENT INADÉQUAT
Par entraînement inadéquat, cela sous-entend une augmentation trop rapide de la distance, de l’intensité, de la durée ou de la fréquence des activités qui occasionnent une charge répétitive des pieds.
CHAUSSURES INAPPROPRIÉES
Ce facteur de risque peut sembler banal, mais il n’en est rien. En effet, porter des chaussures usées, mal ajustées, trop serrées ou mal rembourrées peut aggraver les douleurs au talon. Pour les personnes souffrant de fasciite plantaire, le port de chaussures avec élévation peut s’avérer pratique. Sinon, le fait de mettre une talonnette dans la chaussure est tout aussi efficace.
Références scientifiques:
- LANDORF, K. B. Plantar heel pain and plantar fasciitis. BMJ Clin Evid, v. 2015, Nov 2015. ISSN 1752-8526. Disponível em: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26609884
- LANDORF, K. B.; MENZ, H. B. Plantar heel pain and fasciitis. BMJ Clin Evid, v. 2008, Feb 2008. ISSN 1752-8526. Disponível em: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19450330
- PETRAGLIA, F.; RAMAZZINA, I.; COSTANTINO, C. Plantar fasciitis in athletes: diagnostic and treatment strategies. A systematic review. Muscles Ligaments Tendons J, v. 7, n. 1, p. 107-118, 2017 Jan-Mar 2017. ISSN 2240-4554. Disponível em: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28717618
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Dr. Antonin Bérubé, votre podiatre
Diplômé du programme de doctorat en médecine podiatrique (DPM) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Il est professionnel de pathologies du pied et la de cheville. Sa passion pour la biomécanique et les douleurs musculo-squelettiques l’amène à traiter chaque patient comme un athlète, de façon à le remettre sur pied le plus rapidement possible et à prévenir de futures blessures.